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Titre: Alternance codique et innovations linguistiques : effet de mode ou néologismes Cas d’étude : jeunes locuteurs oraniens
Auteur(s): BENGREA, Abdelkader
Date de publication: 2008
Editeur: Université Oran 2 Mohamed Ben Ahmed
Résumé: Dans la panoplie de la consommation et de la gestion lexicale dans les échanges langagiers des locuteurs algériens et spécifiquement du parler jeune , il apparaît un phénomène évident et nécessaire plus répandu que tous, plus lourd de conséquences encore que d’autres, et qui se déploie au gré de ses usagers, c’est celui de l’innovation d’un lexique spécifique formé et puisé à partir de divers codes linguistiques, commode pour élargir le stock lexical et pour se démarquer et s’affirmer en tant que tel. Le lexique mis en exergue dans cette dynamique langagière par les jeunes est un lexique tout à fait différent de celui utilisé par leurs aînés. Il est de natures diverses mais il est pertinent dans la mesure où il répond à leurs besoins, à leurs aspirations et à leurs profondes motivations. Il est signifiant et signifié dans la mesure où il entretient un lien très étroit et conforme entre la phonation du mot et le sens qu’il produit. Quand il s’agit de désigner une chose un procès, une qualité ou plus fréquemment une idée ou d’exprimer un sentiment, les mots le permettent mais lacune si il y a, le locuteur a recours à la langue française soit pour utiliser le mot en français, soit pour amalgamer les deux codes pour inventer des mots plus imagés, plus ludiques et plus expressifs. On remarque que des facteurs internes et externes y contribuent énormément à ces joutes oratoires. Nous essaierons de comprendre les conséquences du bilinguisme et du plurilinguisme et aussi des contacts des langues qu’a connu le paysage linguistique algérien. En effet, nous nous trouvons en Algérie dans une situation des plus complexe. Le bilinguisme se présente sous des formes différentes. Nous observons dans les messages linguistiques émis par les locuteurs soit un code intrinsèquement français ou intrinsèquement arabe classique ou bien une alternance à dominante variable. Les pratiques langagières des locuteurs algériens se construisent sur une alternance arbitraire de deux codes. C’est une transgression « relative » du code de la langue française aussi bien au niveau de l’oral que de l’écrit. Transgression relative parce qu’elle est dans bien de cas régulée par les modalités d’emploi de la langue française dans un espace sociolinguistique traversé par des tensions et des rapports conflictuels qu’entretiennent quatre langues présentes sur le marché. Pour exprimer un vécu culturel, social, économique, religieux spécifique, le locuteur utilise les mots de sa langue arabe dans le système français et leur applique pour les circonstances de la communication toutes les ressources de la langue française notamment les règles de dérivations morphologiques, syntaxiques, lexicologiques et sémantiques : la préfixation, la suffixation, la composition, l’adjonction d’actualisateurs et de déterminants, de marque de genre et de nombre. Les lexies employées ainsi apparaissent dans le discours oral ou écrit (presse) et désignent l’univers référentiel du sujet algérien. Quelques exemples de l’emprunt du français à l’arabe montrent une intégration qui semble être réussie. Les corpus collectés montrent la richesse intarissable du phénomène langagier et nous permettent de diagnostiquer en profondeur pour comprendre les faits linguistiques et extra-linguistiques. Caractérisant les pratiques langagières, la situation linguistique et la diversité lexicale englobent l’arabe dialectal, la culture lexicale des sujets parlants et leurs attitudes. Les survivances du parler algérien dans toutes ces variétés lexicales empreintes de mots étrangers, se manifestent parallèlement à ce parler jeune qui est tout à fait incompris par l’ancienne génération.. Ceci s’explique par le fait social, par les moyens techniques et technologiques et l’ouverture sur le monde qui ont permis aux jeunes d’adopter d’autres comportements linguistiques. L’usage de ce phénomène linguistique s’explique par le fait que leur emploi est récurrent entre jeunes et qu’il s’agit d’un déficit linguistique ou un moyen de combler les lacunes. L’analyse des corpus a montré que les mots existent dans les deux codes mais les jeunes, dans leurs comportements langagiers, utilisent des mots dont la facilité et la fluidité apportent une sémantique plus imagée. Les exemples que nous avons traités dans les corpus montrent que les mots subissent des accommodations et des modifications sur plusieurs plans et contribuent à combler l’aspect lacunaire de la langue. On emploie rapidement le mot qui obéit à notre pensée. On n’opère pas de discrimination linguistique mais on insiste surtout sur l’aspect communicatif. Les principaux changements qui affectent ce parler touchent le côté phonologique, morphologique, et syntaxique . Ces trois niveaux portent leurs influences sur les pratiques langagières qui investissent des particules discursives, alternent deux codes linguistiques et permet une économie linguistique. Les remarques phonologiques et phonétiques démontrent que l’alternance codique est inhérente d’une part à la longue sédimentation linguistique des cultures étrangères qu’a connues l’Algérie et d’autre part au phénomène de l’intercourse qui non seulement perpétue cette pratique mais contribue à l’émergence d’un lexique propre à la mode jeune et maintient ce continuum linguistique qui se démarque totalement de l’ancienne génération qui ressent une profonde nostalgie linguistique. En marge de cette course linguistique effrénée, la fracture sociale profonde engendre une fracture linguistique multiforme. C’est une lutte de classes des temps modernes moins dogmatiques, moins catégoriques, moins péremptoires et moins tranchantes mais c’est une lutte qui se profile insidieusement et stigmatise la couche sociale dont la précarité criarde génère un discours acerbe, corrosif dans lequel les mots sont utilisés soit pour lapider et mettre en dérision le vis à vis soit pour exorciser un malaise. Ces innovations linguistiques n’aboutiraient-elles pas à la longue à une forme de langage qui ressemblerait à un sabir qui éloignerait totalement les usagers de leur réelle identité . Elles ne seraient pas l’effet d’une période transitoire et donc épisodique en relation à une période conjoncturelle éphémère si la situation des personnes tend vers une amélioration sociale. Elles pourraient probablement évoluer et se perenniser tant que les jeunes se voient toujours marginalisés. Les jeunes n’écoutent plus le discours de leurs aînés car il n’est plus crédible. Ils ne trouvent plus de modèle sur lequel ils peuvent s’identifier, ils n’ont plus de repères. Admettre l’existence de la variété serait un pas vers la reconnaissance d’une identité chez les élèves et favoriserait leur adaptation à la culture scolaire. L’institution doit accepter de se faire l’école du sujet sans pour autant renoncer à ses propres valeurs en prenant en compte l’ensemble des attitudes des sujets et en valorisant les qualités artistiques de ce parler. L’apprentissage devrait débuter à partir des acquis langagiers de l’apprenant et non pas par la leçon zéro. Moins de méfiance à l’égard de la langue des élèves cesserait de faire de la langue de l’école une forteresse imperméable à toutes les variations. L’essentiel est semble-t-il davantage dans le regard jeté sur ces productions langagières et leurs impacts sémantiques. Reconnaître la parole de l’élève dans son altérité, c’est lui permettre d’accéder à l’existence . Valoriser le citoyen, c’est lui redonner une légitimité et une confiance même si elle ne peut constituer une fin. En étudiant les différents corpus, nous avons essayer de comprendre les conséquences du bilinguisme, du plurilinguisme et les contacts linguistiques. Dans le domaine linguistique, le rôle de la gestion du lexique dans une situation aussi complexe est essentiel dans la mesure où elle fournit des voies de recherches. Il est donc essentiel d’exploiter toutes les ressources si l’on veut comprendre ce phénomène. Cette étude qui s’est focalisée sur le lexique inhérent aux pratiques langagières a mis en évidence leur importance et leurs caractères linguistiques et sociolinguistiques. L’analyse des corpus a montré que les néologismes n’est pas un phénomène limité au fait de combler les lacunes lexicales, c’est aussi d’autres éléments qui émergent : l’extension morphologique, phonologique et sémantique, la troncation , les particules discursives et l’économie linguistique. Cette récurrence de ce lexique concerne surtout les jeunes et ne peut être considéré comme un palliatif du moment qu’il existe un autre lexique pratiqué dans le foyer.
URI/URL: https://ds.univ-oran2.dz:8443/jspui/handle/123456789/3205
Collection(s) :Magister français

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