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Titre: Ecriture de l’éclatement et / ou éclatement de l’écriture du Roman de Malika MOKEDDEM
Auteur(s): BELKACEM, Dalila
Date de publication: 2011
Editeur: Université Oran 2 Mohamed Ben Ahmed
Résumé: Roman, autobiographie, autofiction, mise en scène de soi; mise en récit de soi, récit de vie, récit intimiste, etc., sont des genres littéraires qui mettent souvent en relief une (re)construction de soi, celle de l’auteur. Malika MOKEDDEM est une auteure qui a écrit le Roman de sa vie, elle s’est racontée, elle a relaté ses craintes, ses souffrances, ses questionnements, son imagination, en les distillant dans différents récits. De cette manière, elle a marqué la littérature par son écriture particulière, par une écriture variée tant au niveau des procédés narratifs qu’au niveau des procédés d’écriture. Une écriture qui a suscité chez le lecteur une curiosité, somme toute légitime, mais aussi un désir de la suivre tout au long de ses écrits en quête de réponses. En s’aventurant dans les livres de Malika MOKEDDEM, le lecteur se retrouve emporté par la narration au fil des textes, d’un livre à un autre, d’une histoire à une autre. Nous nous sommes donc aventuré à le faire et nous sommes retrouvés guidé par un fil conducteur qui nous a presque obligé à nous promener d’un livre à un autre, d’un récit à un autre, d’un personnage à un autre jusqu’à découvrir le projet de l’auteure que nous avons reconnu dans chacun de ses héros et chacune de ses héroïnes. Nous avons de ce fait intitulé cette thèse dont l’objectif visait à interroger l’écriture de l’auteure et de s’interroger sur elle, Ecriture de l’éclatement et/ou éclatement de l’écriture du Roman de Malika MOKEDDEM. Les trois textes qui constituent le corpus de cette recherche se suivent dans le temps de la narration mais aussi et surtout dans le temps de la fiction puisque malgré le changement des époques, des personnages et de leur 406 errance, la continuité sur le plan thématique, scriptural et narratologique reste palpables. Même éparpillée, elle nourrit « l’écriture de soi » et les éléments fondateurs du « texte » de Malika MOKEDDEM restent identiques/uniques. La première partie de la thèse intitulée L’oeuvre de Malika MOKEDDEM : le Roman d’une vie a permis d’affirmer que l’oeuvre de Malika MOKEDDEM et notamment les textes choisis, était le Roman d’une vie, la sienne. La balade à travers ses récits a abouti au soulignement de la progression dans la continuité de la trame narrative à travers la cohérence de ses récits qui se suivent dans un ordre « chronologicodiégétique », s’interpénètrent, se complètent, s’assemblent et construisent un méta-texte, un macro-récit, un roman du « je »308. Ainsi, le corpus utilisé pour la recherche devient alors Le Roman de Malika MOKEDDEM et sera ainsi nommé dans ce travail de recherche. Cette hypothèse de récit de vie relaté en bribes sous fromes de « romans » a été confortée dès le départ par la mise en relief des protagonistes qui convergent toutes (tous) vers un même personnage, un métapersonnage : l’héroïne du Roman de l’écrivaine qui vacille entre l’auteure et la narratrice. La mise en place du Roman de Malika MOKEDDEM a débouché sur une étude des différents procédés scripturaux et des procédés narratifs. De ce fait, la présence permanente de monologues, de prolepses, d’analepses doublé de l’usage de la mise en abyme a appuyé la présence de l’intertexualité et de la pratextualité dont sont marqués ses micro-récits qui forment son macro-récit. Et la présence simultanée de ces procédés a, subséquemment, fait ressortir la nature de son écriture à travers les différents échos et reflets qui traversent les écrits constitutifs du Roman de Malika MOKEDDEM. 308 FOREST Philippe, Op. Cit., p. 111 407 Cette résonnance intertextuelle a confirmé, en expliquant via le lien entre les différents récits, l’unicité du projet narratif de l’écrivaine. Ce fut donc une manière d’affirmer écrire le Roman de sa vie dans un éclatement narratif et dans une transgression générique et scripturale. Malika MOKEDDEM exprime l’interculturel dans lequel elle évolue, elle évoque le contact de cultures, leur alliance et leur fusion. Elle fait pressentir les influences de la double culture à laquelle font face ses personnages. Le discours d’une auteure pratiquant l’interculturel renvoie aussi bien à l’altérité qu’à l’identité. Son Roman est une écriture en échos mais aussi un espace favorable à la notion de l’inter qui se déploie sous plusieurs formes : inter culturel, inter-langues, inter-dits qui viennent accentuer l’unicité de son oeuvre de vie. Un goût d’inachevé, d’exorcisation inaccomplie se fait ressentir en suivant la progression et la construction du Roman de vie de Malika MOKEDDEM. L’atténuation ressentie lors de la lecture des dernières pages de ses textes incite à parler d’écriture en spirale du fait que ses protagonistes reviennent toujours quand ils le peuvent ou alors émettent de désir et le souhait d’un retour futur. La deuxième partie de la thèse s’est construite autour d’un autre élément marquant le Roman de Malika MOKEDDEM, en l’occurrence, Singularité, dualité, pluralité et la diversité. Ainsi, le roman de vie de Malika MOKEDDEM, qui part de l’unicité vers la binarité afin d’atteindre multiplicité et l’universalité, est synonyme l’écriture de l’éclatement et/ou d’éclatement de l’écriture. Et les trois chapitres qui la constituent ont tourné autour d’autres éléments marquant ses écrits et allant dans la même optique. 408 A cet effet, la dynamique spatiale dans le Roman de Malika MOKEDDEM a été souligné dès le début de la partie du fait que la dimension spatiale prend les proportions d’un univers à part pour l’écrivaine. L’espace revêt le sens d’actant majeur dans son écriture et reflète la pensée et l’indicible de l’auteure exprimé par les protagonistes de ses textes, en d’autres termes, par l’héroïne de son Roman de vie. En effet, la dune, le désert et la mer se rejoignent pour dire toutes les transgressions souhaitées, dictées, inachevées et accomplies pour certaines. L’espace est parfois paradoxal parce qu’il est celui du réel doublé d’imaginaire, celui de l’épanouissement mais aussi d’enfermement et de violence. Et il est même parfois synonyme d’universalité et d’ouverture par le jumelage de la mer et du désert et par la symbolique : un havre de paix par la dune que les protagonistes se prêtent d’un récit à un autre pour s’y refugier mais aussi pour y respirer la liberté. En ce sens où « mono, bi, pluri » ou « singularité, dualité et pluralité » : un fil conducteur, une ligne de conduite, ou un plan d’écriture ; tel est le constat du lecteur de l’oeuvre de Malika Mokeddem. Ce sont donc les mots d’ordre de l’écrivaine qui relate la crise identitaire de son héroïne suivant cet ordre. Pour reprendre, il est éclairé d’affirmer qu’ayant perdu une identité pour des raisons ou pour d’autres, ses protagonistes sont en quête d’un moi insaisissable, d’où l’éclatement dans l’espoir d’une identité plus ouverte sur l’univers. Cette partie de la recherche s’est poursuivie en abordant le Roman de Malika MOKEDDEM comme espace d’écriture d’ici et d’ailleurs. Ainsi la dynamique spatiale abordée plus haut va de pair avec ces éléments déclencheurs au niveau narratif mais aussi au niveau psychologique et mental 409 de l’héroïne du Roman en question. En effet, l’école, l’instruction, les études se sont avérées des éléments importants qui se trouvent à la base même de ce désir de l’ailleurs tant exprimé par les personnages de Malika MOKEDDEM. Cette porte ouverte sur l’ailleurs a installé définitivement cet esprit quasi éternel de départ, de fuite et d’exil qui marquent la traversée du désert de sable et du désert d’eau de Malika MOKEDDEM. Elle s’est achevée en soulignant la répercussion directe de ce désir incontournable dans le récit et qui s’est lu à travers les différentes errances évoquées. Ainsi, le Roman de Malika MOKEDDEM considéré comme l’écriture de l’identité de son auteure à travers celle de son héroïne. En ce sens où le nomadisme des êtres va simultanément avec celui des mots de l’écrivaine qui écrit son identité tant recherchée, entre perte et quête, et dans le prolongement, elle raconte son éclatement qu’elle fait répercuter sur ses protagonistes ente schizophrénie, folie et perte de mémoire : une autre manière pour l’auteure d’aborder la question des différences et des mélanges, en d’autres termes, celle du métissage qui mène vers l’universalité. La dernière partie de cette recherche, titrée Malika MOKEDDEM et la « récriture »309 de sa vie, se place dans le prolongement de l’optique de la recherche. Elle est consacrée à l’écriture de Malika MOKEDDEM. Cette partie qui vient appuyer l’hypothèse de départ ne manque pas de souligner cette part assez important que l’écrivaine dédie aux mélanges et aux brassages et qu’elle place à tous les niveaux de son oeuvre. En effet, entre écriture du métissage et métissage de l’écriture, Malika MOKEDDEM laisse son lecteur découvrir un métissage scriptural à travers des personnages métissés, un métissage linguistique à travers l’inter-langues et ses vacillement de sa langue d’écriture à sa langue maternelle et enfin et surtout, un métissage générique. 309 GIGNOUX Anne Claire, Op. Cit. 410 Ce métissage générique rappelle alors l’hypothèse du récit de vie émise au début de la recherche et la remet à jour du fait que l’auteure a publié en 2005 un nouveau texte intitulé Mes Hommes. Un récit qui vient se greffer tout naturellement au reste des micro-récits constitutifs du corpus de départ. Et appuie l’hypothèse de départ et engendre une déduction qui consiste à affirmer que l’écriture de Malika MOKEDDEM est celle de la traversée d’une vie. Les confirmations se multiplient du fait que ce récit apporte des éléments qui viennent conforter nos affirmations dans ce travail de recherche et cette démarche critique. Ainsi, et par le biais d’une lecture parallèle de ce quatrième micro-récit avec les trois autres travaillés, il en est ressorti que l’oeuvre de Malika MOKEDDEM est le récit de la récriture de sa vie ; que son écriture est un mélange engageant entre appropriation, adaptation et/ou innovation générique. Ce récit ayant été considéré comme celui de l’aveu autobiographique par son apport d’éléments complémentaires au Roman de l’auteure, vient combler les interstices, ces brèches, ces trous noirs, ces vides entre les pièces d’un objet brisé, ou que la mémoire oublie. La difficulté de se dire et de parler de soi s’estompe jusqu’à disparaitre dans cet écrit sans pour autant changer de contrat de lecture, ce qui finit par affirmer que c’est une écriture hybride, éclaté à l’image de son éclatement et de sa quête. Ainsi, son ajout au corpus de la recherche a abouti à l’affirmation d’une écriture qui oscille entre convention et conversion générique marquant ainsi cette portée hybride qui reflète l’identité hybride de l’héroïne. Cette dernière partie s’est achevée par une lecture finale et récapitulative du Roman de Malika MOKEDDEM comme une écriture de l’éclatement et /ou un éclatement de l’écriture. Un retour sur son Roman de vie a de ce fait permis de cerner son écriture mais aussi ce que l’acte d’écrire pouvait représenter pour elle : l’oeuvre de Malika MOKEDDEM est la 411 récriture de sa vie et son écriture est éclatement et ses écrits racontent la traversée d’une vie, ils sont porteurs de cette caractéristique du récit autobiographique. Malika MOKEDDEM écrit l’éclatement qu’elle prône dans tous ses écrits et notamment ceux qui constituent le corpus de cette recherche. Petit à petit l’éclatement s’est installé dans ses écrits, elle le voulait partout afin d’en marquer son écriture comme reflétant son identité éclatée. En ce sens, elle appose l’éclatement à tous les niveaux mais elle éclate aussi l’écriture. L’écrivaine qui se racontait sans l’affirmer finit par s’avouer comme héroïne de ses écrits tout en continuant à rattacher ses écrits au genre romanesque. Le roman de sa vie est aussi un mélange de subversions, celles du genre, de la langue française et celle de l’écriture. Le lecteur se trouve confronté à une sorte de désordre organisé : des phrases qui reviennent d’une façon récurrente comme une obsession, les coucher sur papier relèverait de la thérapie et les écrits seraient alors des exutoires. Par ailleurs, elle proclame le droit à la différence, à la libre pensée, à la diversité. Et ses écarts génériques reflètent ses écarts identitaires, ses conflits intérieurs, sa crise identitaire et ses désenchantements. Malika MOKEDDEM célèbre l’écriture dans ses textes, elle attribue cette passion à ses protagonistes qui jubilent avec les mots. Ses écrits sont traversés par ce métissage de l’écriture qui découle de celui de sa chair. Brassage, métissage, mélange et mixité sont les critères qui imprègnent son oeuvre entière, ce sont aussi les éléments qui la traduisent le mieux. Ses textes intègrent, ainsi, un brassage civilisationnel, linguistique et culturel mais générique aussi puisqu’elle y fusionne une variété de genres littéraires en offrant un large éventail d’écriture. En ce sens, l’écrivaine se joue des catégories génériques et brise toute convention établie. L’écrivaine écrit pour 412 vivre et raconte son vécu pour en sortir. Elle écrit aussi pour écrire la transgression sous toutes ses formes et elle récrit sa vie afin d’écrire le récit d’un genre littéraire en l’adaptant, l’adoptant et le pliant à ses habitudes transgressives des normes quelle qu’elles soient : Malika MOKEDDEM écrit le récit de sa vie en écrivant celui de l’écriture autobiographique. Arrivée au bout de cette recherche et en dépit des réponses auxquelles nous sommes parvenu, il n’en demeure pas moins que l’on continue à s’interroger sur l’éclatement de l’écriture, écriture de l’éclatement du fait que les définitions restent mouvantes. Malika MOKEDDEM a, en effet, marqué la littérature algérienne mais aussi la littérature universelle puisque ses récits sont traduits dans plusieurs langues. Sa quête finit à son tour par éclater engendrant ainsi une multiplicité de quêtes : de soi, d’un ailleurs, d’une identité, d’un genre, etc. Il serait, de ce fait, judicieux de poursuivre des recherches sur l’écriture de Malika MOKEDDEM, notamment sur la portée générique et scripturale de ses textes à venir à commencer par son dernier à ce jour, Je dois tout à ton oubli, puisque Mes Hommes a fonctionné comme un complément, comme la dernière pièce d’un Roman de vie. Il serait tout aussi intéressant de consacrer d’autres études à ce genre d’écriture, en prenant en parallèle plusieurs oeuvres d’auteures et d’auteurs à caractère autobiographique afin de déterminer sa portée dans une sphère géographique bien précise, notamment en Algérie.
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Collection(s) :Doctorat français

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