Football institutionnel et identités juvéniles.

Abstract

Le football qui est considéré comme le sport le plus populaire en Algérie, soulève souvent une multitude d’enjeux que ce soit chez ses pratiquants, ses supporters ou ses dirigeants. Le choix du thème de ce doctorat en lien direct avec ce sport d’équipe concerne l’étude d’un phénomène d’ascension sociale chez une frange bien précise de certains de ces acteurs que sont les présidents de clubs de football. L’exemple que nous avons choisit pour illustrer ce phénomène sont les président de clubs qui se sont succédés à la tête de l’Association Sportive du Khroub (A.S.K.) qui fait partie depuis l’année 2003 parmi les équipes qui animent les championnats algériens de ligue une et deux. La ville du Khroub à laquelle appartient cette association sportive est une daïra de la wilaya de Constantine et rassemble une population de 179 033 habitants (RGPH 2008).

Le statut qu’occupe les président qui se sont succédés à la tête de ce club de football considérant l’importance acquise par le football dans les différentes sphères de la vie sociale, possède le pouvoir de leur permettre de se procurer d’importantes ressources relationnelles tant dans le domaine économique que politique et social, et tant au niveau local que national. Outre les contacts qu’elle permet et le prestige qu’elle donne, cette position de dirigeant offre aussi une place de choix dans la presse. Les présidents de clubs sont aujourd’hui des personnages très médiatisés, ce qui leur permet d’acquérir facilement une part incontestable de notoriété auprès des populations de supporters de football de la ville.

Les succès sportifs d’une équipe de football lui permettent de se transformer en vitrine de la ville qu’elle représente ce qui fait que chaque équipe de football représente une ville par métonymie. Si les présidents de clubs en tant qu’architectes des réussites sportives de l’équipe de football de cette ville bénéficient de prestige et de reconnaissance sociale de la part de tous ses acteurs, cela leurs permet également de tisser de nouvelles relations et de s’inscrire dans de nouveaux réseaux de fréquentation propre au monde des clubs de football algériens.

Nous avons essayer de déconstruire ces milieux sociaux qui constituent à nos yeux la réalité du monde social dans et autour duquel vivent nos présidents de clubs pour faciliter notre étude et afin de pouvoir mieux appréhender ces acteurs dans les relations et pratiques sociales qu’ils entretiennent et nous avons fait ressortir trois cercles sociaux de fréquentation principaux que sont :

1. les institutions de l’état ; qui représentent toutes les instances officielles, responsables du sport (du football), ou les collectivités publiques et qui ont donc un rapport obligé avec les associations sportives. 2. Les acteurs de la ville ; qui incluent la grande famille du football que sont les supporters et les membres de l’assemblée générale du club, mais aussi les habitants de la ville car concernés par l’image renvoyée à travers l’équipe de football de leur ville. 3. Les institutions périphériques ; que l’on nomme ainsi mais qui en réalité sont elles aussi au centre de l’action et des stratégies de construction des processus notabiliaires. Elles englobent trois institutions principales dans la vie de nos acteurs : les médias, les sponsors et la parentèle.

Ce travail de doctorat propose donc à partir de trois indicateurs que nous avons considérés comme légitime pour la construction d’une forme de notabilité et qui sont représentés par le capital économique, le capital social et le pouvoir, s’il serait possible aux acteurs de ce champs d’acquérir certaines formes de notabilité.

En plus du fait que cette étude s’intéresse aux systèmes de fluidité, et aux nouvelles formes d’ascension et de promotion sociale et ainsi d’accès à de nouveaux postes de responsabilité, qui peuvent conférer certains pouvoirs et certaines formes de notabilité ? Une telle étude est aussi importante pour connaître les cadres socio-économiques et culturels dans lesquels ces dirigeants briguent des postes de responsabilité et au sein desquels l’état confie désormais non seulement l’argent public mais aussi et surtout l’encadrement et l’éducation de notre jeunesse.